Agnès Lamouroux

D'une plume précise et efficace, Vincent Brems nous plonge, à travers les yeux de Sandrine, dans un univers à la fois proche et déroutant, souvent sombre, toujours passionnant à découvrir.

C'est l'histoire, donc, de Sandrine, engluée dans une fatalité à laquelle elle tente d'échapper. Mais c'est aussi celle d'une certaine société belge, celle des coiffeurs et des cramignons, des friteries et des petits malfrats; des mauvais choix et des concours de circonstances qui font et défont les existences. Et c'est enfin l'évocation d'une région si particulière, où langues et traditions se rencontrent sur fond de friches industrielles qui semblent imprégner les âmes.

Un grand talent, pour une belle découverte de lecture, en ce qui me concerne!

Chronique Babelio du 8 octobre 2019

Virginie Brepols

Sandrine m'a emmenée dans son histoire... j'ai ri et j'ai été émue par cette femme... l'intrigue est rondement menée et j'ai été soufflée par son final...

Sandrine c'est 1 femme, 1 mère, 1 fille... ça pourrait être vous ou moi... c'est 1 histoire de vie, d'amour, de résilience aussi...

Laissez vous surprendre par l'écriture de Vincent Brems...

Chronique Babelio du 5 novembre 2019

François Constant

“Sandrine Gatti”, premier roman, autopublié par Vincent Brems, mérite le label de “pirouette belge”. Histoire tragique faisant la part belle à un humour décalé, le récit n'en traduit pas moins les humeurs déjantées qui transforment toute vie en catastrophe, tout rêve en cauchemar, toute espérance de libération en emprisonnement et tout essai de s'en sortir en enfoncement plus radical encore.

Autour de Sandrine Gatti, anti-héroïne, à la fois fille, femme, mère, chacune plus amère l'une que l'autre, l'auteur fait nager en eau trouble une série de personnages glauques, interlopes, tantôt amis, aidants ou opposants et ennemis. Tous, veulent entraîner Sandrine là où ils vivent. Elle, ne sachant ni nager, ni respirer dans ce monde, ne peut que couler et s'enfoncer de plus en plus bas. Noyade assurée ! le lecteur se demandera quand elle va, enfin, toucher le fond et si elle aura encore la force de donner un bon coup de talon au fin fond de cette vase nauséabonde, espérant jusqu'au bout la voir remonter à la surface.

Situant son récit dans une région liégeoise à la fois pétrie de désillusions économiques, de frictions entre quartiers, de rivalités claniques et de manque d'envergure pour se redresser, mais, tout en même temps, riche du sens de la fête, de ferventes traditions folkloriques et d'une incroyable facilité à effacer ce qui ne va pas par un bon coup bu entre amis, l'auteur donne aux cramignons de la Bassse-Meuse l'occasion de rivaliser avec les virées nocturnes dans le Carré de Liège, à la pègre liégeoise de vouloir prendre le contrôle des dancings de Tongres et aux gens de la rive droite de la Meuse de se mesurer à ceux de la rive gauche pour prendre le contrôle de la région. de la même façon, il mêle ce qui devrait être éducation et stabilité familiale avec les apnées en alcool, les nuits sans fin et les liaisons n'offrant que des lendemains qui déchantent. de là à basculer dans les rencontres glauques, le commerce illicite et le milieu interlope de la prostitution, des durs et des petites frappes, il n'y a qu'un pas, faux pas faut-il le préciser, que Vincent Brems franchit allègrement. C'est noir, c'est dur, violent... et pourtant, le lecteur se surprend à aimer cette Sandrine, se montrant souvent irresponsable, qui, malgré tout, rêve d'un ailleurs, d'un autrement, d'un avenir à ouvrir encore et à offrir à sa fille.

C'est qu'avec l'air de jeter tout, de façon quelque peu pêle-mêle à la face de ses lecteurs, Vincent Brems construit une réplique certes noire mais juste de ce qui fait le monde, la vie, le quotidien des petites gens d'en bas. Ceux qui n'ont pas les moyens d'avoir un coup d'avance sur l'échiquier de la vie, ceux qui ne parent rien, cherchent seulement à pouvoir sortir, sans trop de retard, une réponse aux coups du sort, du hasard et de la vie. Et même si, tout le monde en est conscient, ils n'ont que ce qu'ils construisent pour eux-mêmes, le lecteur est prêt à convenir que ces gens n'ont, et ce n'est pas de leur faute, aucune notion d'architecture pour établir les plans d'une situation de vie qui tienne la route et le temps.

Au-delà de l'histoire apparaissant au premier plan, “Sandrine Gatti” est un livre qui peut étonner, questionner le lecteur et l'ouvrir à l'attention nécessaire à la conduite de nos existences .

Chronique Babelio du 10 novembre 2019

SPepin

Entre polar et peinture réaliste, touchante mais sans concessions, des moeurs d'une certaine province Liégeoise, le roman nous entraîne dans le sillage de personnages tels qu'on en a tous déjà rencontrés. Et, en fil conducteur, un beau portrait de femme et une fine analyse psychologique. Il y a du Simenon dans ce roman ...

Chronique Babelio du 24 novembre 2019

Francedewepion

Plusieurs personnes avant moi ont déjà résumé ce livre qui m'a intéressée parce qu'il est écrit par un belge et dont l'histoire se passe à Liège (ville chère à mon coeur)

Ce livre est divisé en 2 parties :

La première concerne une seule journée, celle de l'enterrement de Fabio, le mari de Sandrine

Le seconde s'étend sur plusieurs années depuis la naissance de leur idylle jusqu'à la résolution du crime dont Fabio a (aurait) fait l'objet. Ainsi que la chute de l'histoire.

L'héroïne, une coiffeuse s'englue dans les problèmes d'amour, d'argent, de famille. Et dès qu'elle croit s'en sortir c'est pour plonger plus bas encore. Elle navigue en eaux troubles entre petites gens honnêtes et truands.

Vincent Brems a choisit le point de vue omniscient pour ce polar. Cependant, les dialogues qui entrecoupent les parties narratives dynamisent le récit. On s'ennuie donc pas. Et même à chaque fois que nous lecteur, pensons avoir découvert le coupable, on se rend aussitôt compte qu'on s'est trompé. Jusqu'au bout , on est tenu en haleine .

L'écriture est juste, elle reflète à la fois le langage local et le langage de la société dans laquelle se déroule l'histoire. Elle est fluide et agréable à lire.

Voici une lecture qui m'a fait passer quelques bonnes heures!

Maintenant, je vais pourtant pinailler pour des détails .

Tout au long du livre, résonnait dans ma tête les "préceptes" de ma prof en atelier d'écriture (oui j'essaie d'écrire , je n'ai encore rien publié mais je me suis mise sur le tard à l'écriture) :

- Soit le lecteur est "actif" et on le laisse imaginer les lieux en leur donnant des noms fictifs

- Soit comme c'est le cas ici, on situe l'histoire dans un endroit bien précis connu ou non des lecteurs

Et là , j'ai coincé car le récit est sensé se passer en région liégeoise et puis clac , surgissent les noms de Habay (où j'ai aussi de la famille) et d'Anlier . Pour moi, c'est la Gaume, la campagne, la petite Provence comme on l'appelle aussi, située à quelque 125 km de Liège. Et là je devais faire de gros efforts en me disant que si je ne connaissais pas tous ces coins, cela ne poserait pas de problème.

Et puis maintenant, j'avoue que je vais ergoter et dévoiler une part de moi que j'ai tue jusqu'aujourd'hui sur Babelio. L'auteur nous narre un contrôle fiscal impromptu chez notre coiffeuse en plein travail. le contrôleur des contributions débarque entouré de policiers qui se relaient même, car il y aurait derrière une affaire judiciaire. Et là badaboum, il se fait que dans une vie pas si lointaine que cela j'ai été "contrôleur des contributions" pendant 34 ans. Un contrôle fiscal non annoncé peut effectivement avoir lieu. Mais jamais le contrôleur ne sera accompagné de policiers. S'il y a un dossier judiciaire , il ne viendra pas seul mais accompagné de collègues. de plus, ils appartiendront à un service spécialisé et ils emporteront les documents, des copies de disques durs etc afin de les analyser beaucoup plus finement qu'en quelques heures passées chez Sandrine. Des policiers pourraient éventuellement être présents pour chercher ce dont ils ont besoin pour leur partie de l'enquête. Je pardonne ces "erreurs" à l'auteur, il fallait le savoir ! Et je suis consciente que pour intéresser le lecteur, il faut bien rendre la scène un peu plus caricaturale que dans la réalité .

J'espère, cher auteur, si vous me lisez, que vous me pardonnerez ces "mises au points" qui pour un autre lecteur n'auraient même pas été relevées. ;-)

Je conclurai en recommandant ce livre aux amateurs de polars, de Belgique et d'auteurs belges !

Chronique Babelio du 1er décembre 2019

Maëlys

Sandrine Gatti est une mère de famille, veuve depuis peu. La veille de l’enterrement de son mari, elle se rend en discothèque avec des amis et y rencontre Lazlo, un homme pour lequel elle s’éprend immédiatement. Le lendemain, alors qu’elle devrait afficher un visage empli de tristesse et de désespoir, elle ne peut s’empêcher de penser à cet homme. Sandrine est une femme dont on parle beaucoup à Liège. A-t-elle tué son mari ? Sa vie est basculée entre amours et meurtres. Chaque fois, Sandrine se retrouve piégée dans une situation, et chaque fois qu’elle tente de s’en échapper, son passé et les conditions sociales la rattrapent.

Je remercie l’auteur, Vincent Brems, de m’avoir accordé sa confiance.

J’avoue avoir été quelque peu bouleversée par cette lecture. Comment ne pas l’être lorsque l’on découvre les différents événements face auxquels Sandrine a été confrontée tout au long de sa vie ? J’ai trouvé le scénario bien ficelé, soigneusement narré. L’écriture est agréable, le vocabulaire riche, ce qui donne une description précise des faits et lieux. Le choix de l’auteur de diviser le roman en deux parties m’a semblé pertinent, voire nécessaire afin de ne pas ennuyer le lecteur/la lectrice. J’ai apprécié le contexte : c’est plutôt rare de trouver des références belges en littérature. Néanmoins, j’ai trouvé que le point de vue omniscient n’était pas suffisamment centré sur Sandrine. Certains passages s’en éloignent trop, comme ceux sur Fred et Fabio qui sont à mon sens trop détaillés, alors que le personnage principal reste Sandrine. J’aurais aimé en savoir plus sur elle, sur son passé et ses états d’âme. Elle ne représente pas seulement le personnage principal mais également le titre du roman, c’est pourquoi j’en attendais davantage. Ce point m’a malheureusement empêché partiellement de rentrer correctement dans l’histoire, et cela m’a valu l’impression d’être passée à côté de quelque chose en tournant la dernière page du roman.

Je vous conseille vivement ce roman. Pour ma part, je pense qu’une seconde lecture s’avérera nécessaire.

Chronique mxart_litt du 8 décembre 2019

Georges Smiley

Vous aimez les polars d'ambiance d'Indridason ou de Mankell, leur côté réaliste, leurs tranches de vies ordinaires cabossées à mi-chemin entre l'enquête criminelle et l'étude sociologique. Vous appréciez ces flics usés, cabossés, neurasthéniques ou déprimés qui ne sont guère plus heureux que les suspects qu'ils croisent dans leurs commissariats. Pourquoi les aimez-vous ? Peut-être parce qu'ils vous ressemblent un peu. Peut-être parce que, finalement, vous trouvez que ces enquêteurs sont de bonnes personnes qui font de leur mieux sans trop de moyens ni de soutien hiérarchique. Sans doute aussi parce qu'ils parviennent à leur manière par rendre un peu justice.

Alors, vous devriez aimer Sandrine Gatti. Ne vous méprenez pas, elle n'est pas policière mais coiffeuse. Elle n'enquête sur rien du tout, elle n'est que la veuve. Son mari est mort, on ne sait ni comment ni pourquoi. C'est l'originalité de ce polar d'ambiance grise et d'atmosphère plombée, comme le ciel du Plat Pays peut l'être parfois (notez bien le « parfois », je ne veux pas me mettre à dos les offices de tourisme), qui intrigue d'entrée :

« Elle s'était défaite du deuil de son mari comme un chien s'ébroue de son eau » … « Mais tout de même, l'attitude épanouie qu'elle affectait le choquait… Qui aurait pu croire qu'elle venait, ce matin, d'incinérer son mari ? »

Etonnant, n'est-ce pas ?

On oublie l'Islande, on laisse la Scanie, à jamais à Wallander, et on part en Wallonie, dans la banlieue de Liège, tout près des frontières allemande et néerlandaises (Maastricht et Aix la Chapelle sont à environ trente kilomètres). On fréquente les salons de coiffure, les « bacs à schnick » où s'ébattent petits dealers et maquereaux, musiciens amateurs ou chômeurs occupés à liquider (au sens propre) leurs allocations en avalant force Jup', coupés menthe et tequila boum-boum avant de se finir par un péket. Là, vous avez compris, je fais l'intéressant, tout comme lorsque je vous dis que Sandrine offre de temps en temps à sa fille un lacquemant après lui avoir servi un pasticcio. Rassurez-vous, tous ces termes typiquement wallons figurent en notes très explicites à la fin du roman et permettent aux pékins vivants comme moi au sud de la Meuse de comprendre parfaitement de quoi il retourne.

Au-delà de la chronique sociale « d'une Belgique vue d'en bas » dans une ambiance musicale très présente, le lecteur s'attache peu à peu à cette Sandrine qui collectionne les « accidents de la vie », mais qui tente de rester debout, coincée qu'elle est entre l'affection protectrice la liant à sa mère et à sa fille et l'amour après lequel elle court en vain. Pour rester dans l'ambiance musicale de cette histoire, si j'osais, je convoquerais Robert Charlebois et sa « Concepcionne qui avait besoin d'affectionne* » tandis que « Ramonne fumait un drôle de gazonne* ». Je m'égare, ma tête tourne un peu… que voulez-vous, j'ai perdu l'habitude de passer du temps dans les « bacs à schnick », « pour faire d'la musique avec le gros Pierre* ».

Ah ! Il faut quand même que je vous le dise : il y a bien un flic qui enquête, un peu, pas trop… suffisamment pour que l'épilogue vous surprenne et que vous compreniez que vous avez laissé passer quelques petits cailloux blancs semés par l'auteur au fil de son récit. Vous savez ce qu'on dit : les apparences sont souvent trompeuses…

Vincent Brems a réussi un premier roman de grande qualité, avec tout ce qu'il faut de sensibilité, d'émotion et un zeste de rebondissement final qu'on déguste comme un petit verre de genièvre. Je le recommande chaudement… je parle du roman mais si vous insistez, le genièvre également.

Je précise n'avoir aucun lien avec l'auteur et avoir acquis mon exemplaire au prix public. Il s'agit ici d'une pure et agréable découverte comme Babelio permet d'en faire parfois.

Si je vous ai convaincu, faites comme moi, commandez ce bon roman à l'aide du lien ci-dessous. Si vous hésitez encore, allez-y aussi, le premier chapitre est en lecture libre. Alors, comme le chante le grand Robert, moi aussi « J'veux que ça clique »*

https://vbrems.lima-city.de/fr/intro.html

*Chansons de R. Charlebois, Concepcion(1972) et Un gars ben ordinaire (1970)

Chronique Babelio du 13 décembre 2019

Maurice Dethier

Un livre qui vous plonge dans la région liégeoise et qui atteint l'universel. À lire absolument : entre Simenon et les Frères Dardenne. On attend impatiemment le deuxième roman de Vincent Brems.

Chronique Babelio du 10 mars 2020